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l'épilogue

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l'épilogue - Page 14 Empty 35 ans de traque

Message par mimou Sam 16 Oct - 18:08

Affaire Le Grêlé : ADN, crimes en série... 35 ans de traque qui ont à jamais changé la justice
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Au fil des années, le portrait-robot du "Grêlé" a été réactualisé.Au fil des années, le portrait-robot du "Grêlé" a été réactualisé. MIDI LIBRE
Faits divers, Affaire "Le Grêlé"
Publié le 02/10/2021 à 05:05 , mis à jour à 09:10
Les décennies où juges et enquêteurs ont recherché presque sans relâche un tueur en série, identifié finalement comme étant François Vérove, ont mobilisé de nouvelles méthodes et ouvert la voie à d’autres traques.

C’était le spectre du 36 quai des Orfèvres, une obsession et un défi transmis sur des générations d’enquêteurs et de magistrats. Cette quête s’est achevée jeudi avec une expertise génétique. La hiérarchie judiciaire vit cet aboutissement comme un immense soulagement, voire une fierté. Dans un rarissime communiqué de félicitations à la juge qui a dénoué l’affaire en convoquant Vérove, le premier président de la cour d’appel de Paris, Jean-Michel Hayat, a écrit vendredi : "Mme Nathalie Turquey honore l’institution judiciaire tout entière."

Quand tout commence, dans l’est parisien, le 5 mai 1986 au petit matin, Nathalie Turquey est une toute jeune femme et la police et la justice française sont encore dans la préhistoire. On travaille sur les empreintes digitales, le porte-à-porte, les portraits-robots, avec de poussiéreux fichiers de papier non centralisés nationalement. Un homme a violé, poignardé et étranglé Cécile Bloch, une fillette de 11 ans emmenée au sous-sol de son immeuble alors qu’elle partait seule à l’école.

L’enquête montre que l’auteur a froidement préparé le crime en se ménageant les accès. Le demi-frère aîné de Cécile, Luc Richard, a croisé ce matin-là le tueur. Il se rappellera toute sa vie des mots échangés. "Il m’a parlé de manière très audacieuse, très polie, trop. Il m’a dit quelque chose comme "passez une très, très bonne journée"", se rappelait-il en 2015. Il apparaît immédiatement qu’un mois auparavant, une autre fillette de 8 ans, Sarah, a été laissée pour morte après avoir été violée dans des circonstances identiques, dans un quartier proche.

Les crimes en série mal connus
À l’époque, la notion de crimes en série apparaît à Paris comme un phénomène américain. Il n’existe pas de fichier national ni de méthodes destinées à identifier des séries criminelles. L’expertise ADN, qui fait alors de timides débuts au Royaume-Uni, est inconnue en France. Luc Richard, étudiant en biologie, a beau suggérer d’y avoir recours, il n’est pas entendu. La brigade criminelle établit cependant un portrait-robot de l’auteur. Celui-ci montre un homme de 20 à 30 ans au visage grêlé, conséquence d’une acné ou d’une affection dermatologique, ce qui donnera le surnom de "tueur au visage grêlé".

Faute de pistes, un non-lieu est rendu en 1992. Les années passent mais au "36", un enquêteur garde le dossier en mains propres durant des années et le transmettra à ses successeurs. "C’était le principal échec du service. La "crim" était hantée, taraudée par cette affaire", se souvient la journaliste Patricia Tourancheau, qui a suivi l’unité pendant toute cette période. Tout suspect "plausible" arrêté pour autres motifs est interrogé, son passé vérifié.

En 1996, l’usage de l’ADN se développe en France et une nouvelle juge a l’idée de le rechercher dans les pièces à conviction de l’affaire, ce qui fournira l’empreinte génétique du tueur. Des comparaisons "sauvages" (il n’y a pas encore de fichier) montrent alors que "Le Grêlé" est l’auteur de plusieurs viols, notamment celui d’une fillette de 11 ans commis après un enlèvement en forêt en juin 1994, à Mitry (Seine-et-Marne). Le dossier Bloch est rouvert.

Lors de ces viols, "Le Grêlé" s’est à chaque fois fait passer pour un policier, exhibant une carte tricolore, des menottes. Pour mettre en confiance ses victimes, il parle le jargon policier. Serait-il policier ou gendarme ? Cette hypothèse restera vaguement taboue. Les services enquêteurs remuent pourtant ciel et terre. Ainsi, les propriétaires de plus de 10 000 véhicules Volvo du type de celui qui a servi à l’enlèvement de Mitry sont passés au crible au fil des ans, sans succès.

"Beaucoup de criminels de genre à rechercher"
En 2001, le Fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg, créé entre-temps en 1998), où est versée l’empreinte du "Grêlé", montre que le 29 avril 1987, il a commis un autre double crime à Paris. Celui de Gilles Politi, un homme de 38 ans, et sa fille au pair allemande Irmgard Müller, dont le tueur était manifestement l’amant. Le dossier, également refermé judiciairement à ce moment, est alors rouvert. On passe au crible les cas des policiers ou gendarmes déjà condamnés pour abus sexuels, sans succès. Tous les tueurs en série arrêtés ou déjà incarcérés, comme Michel Fourniret, sont aussi comparés génétiquement. Les juges d’instruction, qui se succèdent, essaient tout.

Au début des années 2010, est tentée dans le fichier génétique une recherche par "parentèle". Nouvel échec. En 2014, Nathalie Turquey reprend le dossier et cible la gendarmerie car, pense-t-elle, c’est le corps de rattachement possible du tueur du fait de la localisation de l’affaire de Mitry, en 1994, près d’un centre d’entraînement. La juge fait recenser pas moins de 750 gendarmes présents à Paris à la période des faits, puis les fait convoquer un par un pour une expertise génétique comparative. C’est ce colossal travail qui a porté ses fruits quand François Vérove, convoqué le 24 septembre dernier pour une audition le 29, a quitté son domicile familial de La Grande-Motte, le 27.

Même sans procès, ce dossier historique et ses milliers de procès-verbaux ouvrent la voie à d’autres traques. Le projet de loi "confiance dans la justice" voté dernièrement prévoit la création d’un pôle d’instruction spécialisé à Paris sur les affaires anciennes jamais résolues. Les décrets d’application restent à signer.

THIERRY LÉVÊQUE
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Message par mimou Sam 16 Oct - 18:03

Affaire Le Grêlé : pour l'avocat des victimes "on imagine mal qu’il ait pu arrêter ses crimes…"
L'avocat de la famille Bloch dont la petite Cécile à été victime de François Vérove (à droite) L'avocat de la famille Bloch dont la petite Cécile à été victime de François Vérove (à droite) CAPTURE ÉCRAN BFMTV / DR MIDI LIBRE
Affaire "Le Grêlé", Faits divers
Publié le 02/10/2021 à 09:30
Me Didier Seban, avocat de la famille Bloch et d'une autre victime de viol du Grêlé, répond à nos questions.

Vous êtes l’avocat de la victime d’un viol et des proches de Cécile Bloch tuée en 1986. “Le Grêlé” était un Monsieur tout le monde…

Les tueurs en série n’ont jamais le profil que l’on attend d’eux, celui de gros méchants. Ils passent entre les mailles, ils savent se rendre invisibles. Dans ce genre d’affaire, les crimes leur procurent un tel flash, une telle adrénaline, de jouissance de tuer, qu’ils arrêtent rarement. Ce n’est pas quelque chose qui se raisonne, “je commence à être tueur en série, puis stop”.

Dans la lettre d’adieu, il aurait dit avoir stoppé en 1997, mais on imagine mal qu’il ait pu arrêter… Qu’il se soit fondu dans la masse, qu’il ait fait attention à ne pas laisser son ADN, c’est autre chose… Il a peut-être écrit ça pour rassurer sa femme. Mais l’enquête continue, il faut refaire tout son parcours, vérifier, des familles sont en attente.

Quelle a été la réaction des parties civiles ?

La première réaction de la jeune femme qu’il avait fait monter dans sa voiture en montrant une carte de police tricolore puis violée, c’est de tomber de l’armoire : elle attend ce moment depuis tellement longtemps…

Il y a aussi une réaction de soulagement, de se dire qu’elle ne va jamais le recroiser et enfin un sentiment de déception car il n’aura pas à rendre compte de ses crimes. Ce sont trois sentiments mitigés. Le frère de Cécile Bloch, lui, avait poussé à ce que l’on travaille sur l’ADN, il avait raison. « On l’imagine mal arrêter…"

YANNICK PHILIPPONNAT
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L'avocat de la famille Bloch, donc la petite Cécile à été victime de François Vérove (à droite)
“Le Grêlé”, tueur en série recherché depuis trente-cinq ans, vivait dans l’Hérault
François V. était installé à La Grande-Motte (Hérault) depuis 2019.
Affaire "Le Grêlé" : l'ex-gendarme tueur en série était "le meilleur gars du quartier, le plus serviable et jovial"
Le "Grêlé" vivait dans cette maison à La Grande-Motte.
Affaire Le Grêlé : dans sa lettre d'adieu, l'ex-gendarme et tueur en série parle de "pulsions" meurtrières
François V. avait été élu dans une commune de l'Hérault. Il s'était depuis installé à La Grande-Motte avec sa famille.
Affaire Le Grêlé : l'ADN a parlé, l'homme qui s'est suicidé au Grau-du-Roi est bien le tueur en série
François V., l'ancien élu à Prades-le-Lez et sa maison à La Grande-Motte en fond
Le suicidé du Grau-du-Roi, suspecté d'être "Le Grêlé", avait été élu dans l'Hérault
"Le Grêlé" est-il passé par la mairie de Prades-le-Lez, incognito pendant des années ?
L'effroyable premier crime du "Grêlé" : retour sur l'affaire Cécile Bloch, violée et tuée à 11 ans en 1986
Cécile Bloch, tuée à l'âge de 11 ans.
Crimes, mode opératoire... qui est "Le Grêlé", ce tueur en série que la police traque depuis 35 ans
Le portrait robot vieilli du Grêlé.
"Le Grêlé", ce tueur en série recherché depuis 35 ans, est-il l'homme qui s'est suicidé au Grau-du-Roi ?
L'homme au visage grêlé, en cavale depuis 35 ans.

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Message par mimou Sam 16 Oct - 15:57

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Message par mimou Sam 16 Oct - 15:56

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Message par mimou Sam 16 Oct - 13:52

https://www.dailymotion.com/video/x84kx49


Fils d’un policier et d’une mère au foyer, né en 1957 dans le XVIIe arrondissement de Paris, Christian Flaesch fut lycéen à Fénelon et étudiant en droit au Panthéon. Dès ses débuts, en 1983, le commissaire Flaesch exerce à la PJ de Paris, chef de section à la brigade criminelle, où il supervise notamment l’arrestation à Noël 1984 de « l’appât » Valérie Subra ayant piégé de riches messieurs trucidés par ses copains et l’enquête sur l’assassinat en mai 1986 de Cécile Bloch, 11 ans, par le Grêlé. Des collègues le surnomment « Fléchette » ou encore le « Loulou de Poméranie » en raison de sa brosse « soyeuse ». Après son infidélité au 36 avec le service de protection des hautes personnalités de 1996 à 2000, Flaesch revient dans son giron, chef de la PJ de Bobigny puis de la BRI, et sous-directeur des brigades centrales en 2005. Devenu patron du 36 en 2007, Christian Flaesch a chapeauté pendant six ans de nombreuses affaires, a organisé les 100 ans de la PJ, et l’a dirigée « d’une main de fer », selon ses hommes, jusqu’à la fin de l’année 2013. Il a été évincé à cause d’un coup de fil à Brice Hortefeux pour l’avertir de sa convocation dans un dossier où Nicolas Sarkozy était partie civile. Depuis, Christian Flaesch s’occupe de la sécurité du groupe Accor. Il a été mis en examen en octobre 2016 pour « entrave aux investigations » et « violation du secret de l’enquête », suspecté d’avoir fourni en mai 2013 à son ami Bernard Squarcini, alias le Squale, ex-patron du renseignement reconverti dans le privé, des tuyaux confidentiels sur un dossier financier en cours.

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Message par mimou Ven 15 Oct - 19:04

https://www.youtube.com/watch?v=177yHW4Al8c

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Message par mimou Ven 15 Oct - 18:19

https://www.youtube.com/watch?v=CVHmHzPBPUM&t=44s

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Message par mimou Ven 15 Oct - 17:00

https://www.youtube.com/watch?v=I1LzMw2F3Sc&t=8s

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Message par mimou Ven 15 Oct - 16:57

EXCLUSIF. Affaire du Grêlé : "Je savais que c'était un gendarme"... Les révélations de la profileuse Carine Hutsebaut
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Carine Hutsebaut n’a jamais arrêté ses recherches.Carine Hutsebaut n’a jamais arrêté ses recherches.Carine Hutsebaut n’a jamais arrêté ses recherches. DR Capture d’écran
   
Affaire du "Grêlé", Lot, Faits divers
Publié le 08/10/2021 à 14:28 , mis à jour à 14:39
l'essentielCarine Hutsebaut est la profileuse belge engagée par Jean-Pierre Bloch, le père Lotois dont la fille Cécile a été victime du tueur en série. Elle assure que le profil de François Vérove « matche » avec ses recherches.

Le jeudi 30 septembre, coup de théâtre : François Vérove est identifié post-mortem comme étant le tueur et violeur en série surnommé « Le Grêlé ». Après 35 ans, l’affaire classée connaît enfin une issue. Carine Hutsebaut, profileuse belge, a été engagée par Jean-Pierre Bloch, dans les années 2000. Le Lotois voulait savoir qui a tué et violé sa fille Cécile à Paris, le 5 mai 1986. Lui ne saura jamais, il est mort en 2011. Mais Carine Hutsebaut, elle, met enfin un nom sur le tueur en série.

A lire aussi : REPORTAGE. Affaire du Grêlé : dans le Lot, le père de Cécile Bloch ne connaîtra jamais la vérité

Vous commencez vos recherches en 2001, à la demande de Jean-Pierre Bloch. Quel est son état d’esprit ?

Voilà quinze ans que l’affaire était ouverte et que rien n’avait bougé. J’étais submergée de travail, je venais de réaliser le profil de Dutroux mais quand Jean-Pierre Bloch m’a demandé de l’aide, je n’ai pas réussi à dire non. J’ai senti son désespoir. Je l’ai d’abord rencontré à une marche blanche à Paris puis je suis venue le voir dans le Lot.

Comment travaillez-vous sur ce dossier ?

J’ai commencé à examiner les scènes de crime, ce que le tueur avait voulu dire, son langage. Sur le meurtre de Cécile, je me suis rendu compte qu’il y avait de la colère, donc du chagrin transformé, je l’ai vu dans la violence qu’il a mise à maîtriser une si petite fille. J’ai essayé de comprendre pourquoi il tuait : si c’était par plaisir, il allait continuer, si c’était un moment de détresse, il pouvait s’arrêter mais si c’était de la colère profonde de son enfance, il continuerait. J’ai appris qu’il avait été traité pour dépression. C’est ce qui lui a donné ses marques sur le visage, on s’est obstiné à penser qu’il était grêlé mais ce n’est pas vrai, c’était à cause de ses médicaments, quand il a arrêté, les cicatrices sont parties, on continuait de le chercher d’après un portrait-robot qui n’était plus valable.

A lire aussi : Affaire "le Grêlé" : l'ancien gendarme qui s'est suicidé est bien le tueur et violeur en série recherché depuis 35 ans

Vous ne faites pas vraiment équipe avec les services de renseignement…

Non, ils voulaient consulter mon dossier mais j’ai refusé. Une coopération c’est dans les deux sens du terme. Alors ils ont recruté deux autres profileurs. Dont un qui survolait Paris en hélicoptère. Du grand n’importe quoi. Pendant ce temps, l’enquête n’avançait pas. Luc, le frère de Cécile avait demandé un test ADN. Refusé. Il a fallu attendre 1994 pour qu’une juge d’instruction l’exige enfin. Alors, le lien a pu être fait avec d’autres affaires. Le Grêlé aurait pu être arrêté bien plus tôt si les enquêteurs avaient été plus efficaces.

« On s’est obstiné à chercher un visage grêlé alors que ses marques avaient disparu »

Le profil de François Verove matche-t-il avec vos recherches ?

Oui, complètement. C’est un monsieur tout-le-monde qui a connu un traumatisme de son enfance. J’avais vu juste sur son âge mais également sur sa profession puisque j’avais analysé qu’il était un gendarme. Il ne commettait jamais de crime le dimanche et jamais après 19 heures, donc, ça voulait dire que quelqu’un l’attendait : une compagne ou une famille. Je savais aussi qu’il était très mobile et se déplaçait beaucoup. Je l’avais localisé à Paris dans les années 90 car les meurtriers restent souvent habiter entre un et deux km du lieu de leur premier crime. En l’occurrence, il devait vivre très proche de l’appartement de la famille Bloch, dans le XIIIème arrondissement.

A lire aussi : Affaire "le Grêlé" : le fils d'une amie d'enfance de François Vérove témoigne

Peut-on voir dans son suicide un aveu de culpabilité ?

Pas forcément. Je pense surtout qu’il ne voulait pas d’un procès, qu’il ne voulait pas parler de ça devant un public. Et puis, surtout, il a réussi à garder sa double vie secrète pendant soixante ans. Quand il a été convoqué par les gendarmes, tout s’est écroulé, il a compris qu’il n’avait plus le contrôle lui qui avait eu le pouvoir sur ses victimes, lui qui avait le pouvoir en tant que gendarme.

Comment les familles des victimes ont-elles accueilli cette nouvelle ?

Luc, le frère de Cécile, avec qui je suis toujours en contact a été submergé par le flot d’informations. Il faut désormais assimiler. Accepter que l’on ne saura jamais comment et pourquoi. C’est le vide qu’il laisse après une vie de mensonges. Il emporte son secret avec lui.

   
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Message par mimou Ven 15 Oct - 12:16

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Message par mimou Ven 15 Oct - 10:17

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Message par mimou Ven 15 Oct - 10:14

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Message par mimou Ven 15 Oct - 10:12

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Message par mimou Ven 15 Oct - 6:49

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Message par mimou Lun 11 Oct - 10:57

https://www.leparisien.fr/faits-divers/apres-la-revelation-de-lidentite-du-grele-laffaire-karine-leroy-tuee-en-seine-et-marne-est-relancee-10-10-2021-KLXMVERABJH7PAMIGTI36WZ3JQ.php

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Message par mimou Mer 6 Oct - 19:19

L'AFFAIRE DU "GRÊLÉ" ENFIN ÉLUCIDÉE !
TUEURS EN SÉRIE
Le 06/10/2021
Partager cette enquête :
Depuis plusieurs jours, l’enquêtrice de la PJ de Montpellier appelle la liste de noms à la chaîne. Ce vendredi 24 septembre, elle compose le numéro d’un certain François Verove, un gendarme en retraite de La Grande-Motte, dans l’Hérault. Le dialogue est bref.

— Monsieur François Verove ?

— Oui, c’est moi…

La policière lui explique qu’il doit être auditionné dans le cadre d’une vieille affaire criminelle des années 80, à l’époque où il exerçait à Paris. Sans lui donner plus de précisions, elle ajoute qu’à l’issue de l’interrogatoire son ADN sera prélevé.

— Ça ne prendra que cinq minutes,
le rassure-t-elle.

À l’autre bout du fil, François Verove reste sans voix. Il n’est qu’un nom parmi les 800 de la liste, tous des anciens gendarmes, pour la plupart en retraite. Tous reçoivent la même convocation. Pourquoi ? La juge d’instruction Nathalie Turquey a repris le dossier du « Grêlé », ce mystérieux tueur et violeur en série qui semait la terreur dans la capitale entre 1986 et 1994. Et elle a de bonnes raisons de penser que le monstrueux criminel, jamais identifié, portait à l’époque l’uniforme bleu marine…

1. DES CRIMES ABOMINABLES
5 mai 1986. À l’entrée d’un débarras sordide, au fond d’un parking souterrain, les policiers de la Crim’ sont scotchés par l’horreur. Cécile Bloch, 11 ans, gît à plat ventre sur un bout de moquette sale, à moitié nue, allongée au milieu des gravats et de ses cahiers d’école. Elle porte des striures sur les poignets et autour du cou ainsi qu’une plaie d’arme blanche sous le cœur. Son assassin l’a poignardée et étranglée après l’avoir violée…

L’enquête démarre pied au plancher. En partant travailler ce matin-là, les parents de la petite se rappellent avoir croisé un individu louche dans l’ascenseur de leur immeuble, au 116, rue Petit, dans le 19e arrondissement. Le grand frère, Luc, l’a vu lui aussi.

— En partant en cours à 8 h 20, je suis tombé sur ce type dans l’ascenseur, raconte en substance Luc, un étudiant en biologie. Il était grand, cheveux châtains courts, 25-30 ans environ, genre routard en vieux jean et baskets. Il avait le visage grêlé, peut-être par de vieilles traces d’acné, et des grosses mains carrées. Quand je suis sorti au rez-de-chaussée, il avait déjà enclenché le bouton du niveau - 2. Il m’a dit : « J’espère que vous passerez une bonne journée. » Ça m’a paru bizarre. C’était une politesse exagérée, excessive.

Vraisemblablement, c’est donc cet homme que sa petite sœur aurait croisé, vingt-cinq minutes plus tard, en partant au collège. Le type l’a coincée dans l’ascenseur, l’a entraînée au 3e sous-sol, via un petit escalier en colimaçon. On connaît l’épouvantable suite.

L’HOMME A FAIT PREUVE DE SANG-FROID
Avec des éléments si précis, le chef de groupe Bernard Pasqualini s’imagine d’emblée que l’affaire sera vite résolue. Il fait réaliser un portrait-robot du suspect, aussitôt surnommé « le Grêlé » en raison de ses joues abîmées. L’autopsie permet en outre d’isoler un peu de son sperme et de déterminer son groupe sanguin, A+. L’inspecteur note également que l’homme a fait preuve d’un sang-froid étonnant et d’une organisation quasi militaire. Pour être sûr de son coup, il avait mis l’autre ascenseur hors service en le bloquant avec une allumette ! Le signalement du suspect est diffusé dans toute la France. Mais ça ne va pas suffire.

SON TUEUR L’A TORTURÉ PUIS ÉTRANGLÉ
29 avril 1987. Dans un appartement de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, les policiers du 4e arrondissement découvrent deux cadavres. Gilles Politi, un mécanicien d’Air France de 38 ans, gît en travers de son lit, poignets et chevilles attachés dans le dos. Son tueur l’a torturé puis étranglé avec des cravates, en serrant son nœud mortel à l’aide d’un tisonnier. Une vieille technique militaire, dite du « garrot espagnol ». Mais il ne s’est pas arrêté là. Dans la chambre des enfants se trouve le cadavre de la jeune fille au pair, une Allemande de 20 ans, ­Irmgard Müller. La pauvre fille, complètement nue, a les bras attachés aux montants du lit superposé. Son bourreau l’a torturée en lui brûlant le dessous d’un sein à la cigarette, puis il l’a étranglée avec une ceinture de ­peignoir, avant de l’égorger.

Interrogée, la gardienne de l’immeuble dit avoir croisé ce matin-là un grand brun d’environ 25 ans dans l’escalier, assez négligé, en jean et baskets. Elle n’a pas fait attention à ses traits, mais elle se souvient de ses grosses mains.

LES POLICIERS TIENNENT BIENTÔT UNE PISTE
Les policiers tiennent bientôt une piste : La jeune fille au pair tenait un journal intime dans lequel elle notait le nom et l’adresse de tous ses amants, avec un commentaire sur chacune de leurs performances sexuelles. Un seul n’a pas eu l’air de lui plaire, un certain Elie Lauringe, noté « nul au lit ». Est-il revenu se venger d’avoir été moqué ? Les enquêteurs ne trouvent aucune trace de ce nom nulle part. Ils se rendent alors à l’adresse accolée à l’amant médiocre, 13, rue Rubens, un immeuble du 13e arrondissement. Et là, surprise : il s’agit d’un local désaffecté, longtemps loué par la préfecture de police pour photographier les jeunes recrues. Pourquoi le type a-t-il donné cette adresse ? Comment la connaissait-il ?

Les policiers vont ensuite recenser six autres viols de gamine (plus quelques tentatives avortées) portant la signature du « Grêlé ». Avec un scénario désormais rodé : l’homme aborde ses petites victimes, souvent à la sortie de l’école, en brandissant une carte tricolore sous le nez.

— Police ! J’enquête sur des fugueuses. Je vais devoir vous raccompagner chez vous et vous fouiller…

LES VICTIMES DÉCRIVENT LE MÊME HOMME
Lorsque la gamine se laisse faire, le piège se referme. Le sadique sonne chez elle, et, s’il n’y a personne, il l’entraîne à l’intérieur, la ligote et la viole. Les victimes décrivent toutes le même homme : brun, les joues « bizarres », en jean et basket. Détail troublant, l’une d’elles précise qu’il portait sur lui un talkie-walkie et, surtout, un holster de cuir. Or personne n’a ce genre d’équipement, sinon les forces de l’ordre.

Un soir, le Grêlé s’invite dans une soirée d’ados, s’éternise jusqu’à l’aube et viole une des filles avant de s’éclipser. Interrogés, les fêtards se rappellent que l’homme s’était vanté d’avoir bossé dans une colonie de vacances avec « des jeunes de la gendarmerie ». Puis, le 29 juin 1994, il frappe à nouveau. Une dernière fois. Alors qu’il conduit dans la campagne de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, le sadique repère une petite métisse de 11 ans sur son vélo. Il s’arrête, lui exhibe sa carte tricolore, la neutralise avec une vraie paire de menottes métalliques, l’embarque. Puis il l’emmène dans une ferme isolée, où il la déshabille, lui montre la couverture d’une bande dessinée sadomaso et la viole. Mais, du haut de ses 11 ans, la fillette a déjà son caractère.

— Vous n’avez pas une femme pour faire ça ? lui demande-t-elle en se relevant, sur un ton méprisant.

— Si, je suis marié, confesse-t-il, penaud.

Puis il s’enfuit. La petite victime racontera que le violeur avait « une odeur de nature » et que sa voiture, une Volvo 340 blanche, sentait « un peu » le « chien ». Les enquêteurs lui présentent une série de photos. Elle désigne sans hésiter le portrait-robot du Grêlé. Un policier note alors que le crime s’est déroulé non loin d’un terrain d’entraînement du Raid et qu’il y a dans les parages un établissement sous surveillance des gendarmes…


2. L'ODIEUX SOUPÇON : FLIC OU GENDARME ?
Au terme de cette effrayante série de trois meurtres et six viols (a minima), les enquêteurs sont plus que perplexes. En dépit de tous les témoignages recueillis, des nombreux indices accumulés, des milliers de procès-verbaux qui s’amassent dans le dossier, ils n’ont toujours pas la moindre piste sérieuse. Au 36, quai des Orfèvres, le portrait-robot du Grêlé semble narguer son monde. Ce type a-t-il une chance insolente, pour réussir à s’en tirer à chaque fois ? Mais les hommes de la Crim’ ont malgré tout une intuition, désormais bien enracinée. Avec son organisation, son assurance et sa manie de se présenter comme policier, le tueur pourrait bien en être un, de policier ! Ou alors un gendarme. Ou alors un type qui rêvait de porter l’uniforme et n’y est pas parvenu…

EST-IL MORT ? EN PRISON ? RANGÉ ?
Patiemment, les enquêteurs épluchent les listes des candidats refusés au concours de la police, des recalés du Raid, des militaires signalés comme louches et même des agents de sécurité. En vain. Les années passent et le Grêlé ne fait plus parler de lui. Est-il mort ? En prison pour un autre crime ? Ou tout simplement rangé ?

En mai 2015, une nouvelle juge d’instruction – la neuvième depuis le début ! – se voit confier le dossier. Nathalie Turquey n’est pas une débutante. Cette petite rousse élégante a déjà instruit plusieurs grosses affaires, comme celle des saboteurs de Tarnac. Elle s’imprègne des rapports d’enquête et en arrive à la même conclusion : le faux policier en est peut-être un vrai. Mais, comme plusieurs enquêteurs, la magistrate penche davantage pour un gendarme. Pourquoi ? À cause du viol de Mitry-Mory, survenu en pleine zone de gendarmerie, et à cette odeur de terre dans la voiture, décrite par la petite victime. La campagne, c’est plutôt le terrain des gendarmes. À cause, aussi, de la proximité immédiate d’une caserne, sur le lieu d’un viol. Et puis s’il était vraiment flic, se présenterait-il comme tel devant ses proies, au risque de livrer un indice précieux pour le retrouver ?

Nathalie Turquey se met donc en tête de retrouver un homme d’une cinquantaine d’années au moins, qui aurait été gendarme en région parisienne entre 1986 et 1994 et aurait possédé une Volvo ou une voiture de couleur claire. La direction de la gendarmerie nationale lui remet la liste des militaires pouvant répondre à ces critères. Il y en a un peu moins de 800, désormais disséminés dans toute la France. La magistrate décide alors de les faire interroger un par un et, surtout, de prélever leur ADN. C’est dans ces circonstances que le 24 septembre dernier, on l’a vu, une enquêtrice de Montpellier appelle François Verove à La Grande-Motte. Au téléphone, le gendarme en retraite n’a aucune réaction particulière. Il prend note de sa convocation, et promet de se présenter.



3. UN TYPE EXEMPLAIRE
Si les proches de François Verove apprenaient qu’on le soupçonne d’être un tueur en série, ils éclateraient sans doute de rire. Car, en apparence, ce père de famille de 59 ans a tout du citoyen exemplaire. Ancien maréchal des logis dans la Garde républicaine, il a toujours aimé l’ordre et le son du clairon. Marié à une jolie blonde prénommée Christelle*, il a profité de sa retraite militaire pour émigrer dans le Sud et rempiler dans la police, à la brigade des mineurs. Il était notamment chargé de prendre les dépositions d’enfants victimes de violences, physiques ou sexuelles. Puis, dans un peloton motocycliste où il fait équipe avec une jeune collègue. Celle-ci s’amuse de ses postures rigides et de son côté « très carré », typique de l’ancien gendarme. Mais un jour, en poursuivant l’auteur d’un délit, sa moto le flanque dans un fossé. Résultat : une sévère blessure à la jambe, impossible à opérer, à cause d’un staphylocoque. Cet accident précipite la fin à sa carrière… François Verove se reconvertit comme conseiller municipal à Prades-le-Lez, où il se distingue par ses comptes rendus précis, bourrés de statistiques. L’homme déménage ensuite rue des Goélands à La Grande-Motte, dans une belle maison blanche avec piscine, à deux pas de la plage. Le hasard veut qu’elle ait appartenu à un notaire, assassiné d’un coup de carabine par le fils d’une vieille dame, sur fond de querelles d’héritage. François Verove aspire à plus de calme. Grand-père comblé, il y mène une vie tranquille, entre dépannages informatiques des voisins, balades à vélo et barbecues avec les copains.

CE COUP FIL SIGNE POUR LUI LA FIN
Cette convocation de la PJ le prend-il de court ? En tout cas, il n’en laisse rien paraître. Mais ce coup fil, il le sait, signe pour lui la fin de décennies de mensonges. Le Grêlé, c’est lui, et les tests ADN ne pardonnent pas… L’heure des comptes a sonné. Il faut imaginer le cataclysme dans la tête cet homme respecté, estimé et qui s’apprête à tout perdre, peut-être jusqu’à l’amour des siens. Envisage-t-il la fuite ? Il vide en tout cas ses comptes en banque. Mais il est bien placé pour savoir que, sans l’aide d’un réseau mafieux, toute cavale au long cours est aujourd’hui impossible. Le dernier week-end de septembre, François Verove est encore aperçu avec sa femme dans les rues de La Grande-Motte, souriant au guidon de son gros vélo électrique noir. Mais, derrière son calme apparent, c’est plus qu’une tempête qui se joue dans les profondeurs de son âme.



4. LA FUITE DANS LA MORT
Le lundi 27 septembre, dans l’après-midi, François Verove part de chez lui à vélo, soi-disant pour régler un problème de clé dans une petite maison qu’il loue aux vacanciers. En fin de journée, ne le voyant pas rentrer, sa femme s’inquiète. Elle le cherche partout. En vain. Son portable est sur messagerie…

LA MÈRE ET LES DEUX ENFANTS S’ACTIVENT
Le lendemain, les deux enfants du couple, Sergine*, elle-même policière à Paris, et Charles*, qui travaille en Ardèche, rejoignent leur mère en catastrophe. Tous ensemble, ils interrogent les connaissances de leur père, et sillonnent les endroits où il a ses habitudes. Sans succès. Puis dans la nuit, Sergine, bien inspirée, consulte les derniers mails qu’il a échangés. Elle découvre que son père a loué un logement Airbnb au Grau-du-Roi, à une dizaine de kilomètres de chez lui. Pourquoi ?

Le mercredi matin, la mère et ses deux enfants se rendent à l’adresse indiquée, une petite maison située rue de la Rotonde. La maison semble vide. Par acquit de conscience, Charles emprunte toutefois une échelle à un voisin, et franchit le mur pour accéder à la courette arrière. Il jette œil par la porte vitrée de la cuisine. Il aperçoit le vélo de son père, posé contre le mur. Et alerte aussitôt les secours…

Dès lors, tout va très vite. Les pompiers forcent la porte. Dans la pièce principale, surmontée d’une mezzanine, un homme est affalé sur le canapé. Mort. À côté de lui, des médicaments et une bouteille d’alcool. Le suicide ne fait guère de doute. Il y a une lettre posée à côté du cadavre. Arrivés dans la foulée, les policiers en parcourent les premières lignes et alertent aussitôt le commissariat.

DU JAMAIS VU POUR UN « SIMPLE » SUICIDE
Quelques minutes plus tard, la petite rue est bouclée. Du jamais vu pour un « simple » suicide. À l’intérieur du logement, les officiers de police se repassent le document de main en main. Une véritable bombe ! Dans cette lettre posthume, adressée à sa femme, François Verove explique qu’il est « recherché par la police ». Sans jamais employer le terme « Grêlé », il reconnaît être « un grand criminel qui a commis des faits impardonnables jusqu’à la fin des années 90 ». Mais les dates parlent d’elles-mêmes. « Je n’étais pas bien dans ma vie, ajoute-t-il. Tu as décelé des choses chez moi quand j’étais plus jeune… Je me suis pris en main, j’ai suivi une psychothérapie et je n’ai plus rien fait depuis 1997… Je pense à toi, aux enfants et aux familles des victimes. » Sur un Post-it, le mort a joint une petite note, à l’intention des secours. « Si je suis dans le coma, ne me réanimez pas. »

LES TESTS GÉNÉTIQUES CONFIRMENT
Dès le jeudi matin, les tests ADN lèvent les derniers doutes. François Verove était bien « le Grêlé », un des criminels les plus recherchés de France. Tous ceux qui le connaissaient sont stupéfaits.

— J’ai l’impression d’être dans un mauvais film, lâche un voisin. Celui que je croyais être le meilleur des gars était en fait un tueur en série !

La famille, elle, est anéantie. Le soir même, notre reporter croise Christel et sa fille, devant leur maison de la rue des Goélands. Lorsque le journaliste sort sa carte de presse, la mère de famille arrache l’étiquette « Verove » de sa boîte aux lettres, et rentre précipitamment.

— Dégagez ! hurle Sergine, avant de s’excuser.

CE N’EST PAS LA FIN DE L’AFFAIRE
Personne n’était au courant de rien. À la Crim’, à Paris, la surprise n’est pas moins grande. Il aura fallu trente-cinq ans et ce coup de théâtre inattendu pour pouvoir enfin décrocher le fameux portrait-robot jauni des bureaux. Mais, pour les policiers, ce n’est pas la fin de l’affaire. Plutôt un nouveau début. Il va maintenant falloir vérifier ce que Verove a fait depuis 1994. Un travail colossal qui devrait durer des années.

— On l’a tellement cherché, souffle le commissaire Bernard Pasqualini, soulagé. Maintenant qu’on a son identité, on va pouvoir retracer son parcours… En vérité, l’affaire commence réellement maintenant.

Au centre des interrogations : la période 1994-1997, entre le dernier méfait connu du Grêlé et sa retraite criminelle annoncée… Trois années mystérieuses qui pourraient encore se révéler bien noires. Enquête à suivre.

*Les prénoms ont été modifiés.

Une enquête de Mathieu Fourquet, Christophe Guerra et Sébastien Devaud



mimou
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Message par mimou Lun 4 Oct - 10:25

Trente-cinq ans après, le Grêlé est tombé
L’ADN a parlé : François Vérove, l’ex-gendarme qui s’est suicidé mercredi, est bien le tueur et violeur en série recherché depuis 1986.
1er octobre 2021
Épisode n° 13
Les épisodes
Texte
Patricia Tourancheau
Illustration
Simon Lambert
Édité par
Lucile Sourdès-Cadiou
Rendez Les Jours accessibles à celles et ceux qui n’en ont pas les moyens
Je contribue
   
Àl’issue d’une inlassable quête menée par trois générations de limiers de la brigade criminelle, le redoutable violeur pédocriminel, tueur en série d’enfants et d’adultes, qui a surgi à Paris en 1986 et disparu dans l’Essonne en 1994, alias « le Grêlé » ou « Élie Lauringe », a enfin été démasqué. Au portrait-robot de ce jeune homme longiligne de 25 à 30 ans, aux airs de premier communiant et à la peau tavelée, se substitue aujourd’hui l’image d’un bon père de famille, retraité de la police au crâne dégarni, grisonnant, le nez chaussé de lunettes. Mais sous ses traits vieillis et sa silhouette épaissie, plusieurs caractéristiques remarqués par les témoins et victimes à l’époque trahissent le Grêlé : la forme ovale de son visage, son menton pointu caché sous un fin collier de barbe, ses oreilles légèrement décollées et sa mèche sur le front, peignée à gauche. Les enquêteurs, qui recherchaient un ancien militaire sportif ayant officié en région parisienne, né entre 1956 et 1962, de haute taille – plus d’1,80 mètre –, doté de grandes mains, du groupe sanguin A rhésus positif, au code génétique XY 16.17.16.17.7.9.3, ont fini par le débusquer et l’identifier. Mais trop tard. Car François Vérove, 59 ans, ancien gendarme devenu policier motocycliste, a pris peur vendredi dernier lorsqu’il a été convoqué par téléphone à la police judiciaire de Montpellier pour être interrogé cinq jours plus tard, ce mercredi 29 septembre à 16 heures, sur une dizaine de crimes anciens survenus en région parisienne et se soumettre à un prélèvement ADN.

Je reconnais être un grand criminel qui a commis des faits impardonnables jusqu’à la fin des années 1990. J’ai fait du mal aux gens, j’ai tué des innocents.

Extrait de la lettre laissée par François Vérove à sa femme
Rattrapé par son passé, François Vérove s’est éclipsé ce lundi 27 septembre de sa maison de l’allée des Goélands à La Grande-Motte, station balnéaire de l’Hérault, sur son vélo électrique noir, pour se réfugier dans son logement du Grau-du-Roi, dans le Gard, qu’il loue sur Airbnb. Il a vidé ses comptes bancaires, sans que l’on sache pour le moment pourquoi. Mais s’il avait peut-être entrevu de partir en cavale, il a finalement choisi de se donner la mort. Ce mari et flic insoupçonnable a rédigé à la hâte pour sa femme une confession globale, sans rentrer dans le détail, sans citer ce surnom du « Grêlé ». Il lui explique qu’il met fin à ses jours car il est « recherché par la police pour des crimes ». Il lui avoue sa culpabilité : « Je reconnais être un grand criminel qui a commis des faits impardonnables jusqu’à la fin des années 1990. J’ai fait du mal aux gens, j’ai tué des innocents. » Il évoque ses tourments anciens : « J’ai eu des pulsions datées, à une époque où je n’étais pas bien dans ma vie. […] Tu as décelé des choses chez moi quand j’étais plus jeune… » Puis « je me suis pris en main » et « je n’ai plus rien fait depuis 1997 ». Ses derniers mots esquissent un remords : « Je pense à vous [sa conjointe et à ses deux enfants, ndlr] et aux familles de victimes. » Il a griffonné sur un Post-it, à l’attention des secours : « Si je suis dans le coma, ne me réanimez pas. » Puis il a avalé un cocktail d’alcool et de barbituriques pour en finir avec le Grêlé. Inquiète de sa disparition, sa femme a donné l’alerte mercredi, son cadavre a été découvert dans la nuit et son empreinte génétique a enfin matché avec l’ADN du tueur en série français le plus traqué du pays, depuis plus d’un tiers de siècle.

La maison du Grau-du-Roi
Le corps de François Vérove a été retrouvé dans cette maison qu’il avait l’habitude de mettre en location sur Airbnb, au Grau-du-Roi, dans le Gard, le 1er octobre 2021 — Photo Michael Esdourrubailh/Midi Libre/MaxPPP.
Au fil de trente-cinq années de recherches émaillées de multiples suspects au profil idéal arrêtés puis relâchés, de centaines de tuyaux vérifiés, d’innombrables hypothèses explorées – celles du jardinier, du SDF, du vigile, du militaire, du policier, du travailleur manuel ou de l’intello branché –, les enquêteurs du groupe « cold case » de la crim’ et la juge d’instruction Nathalie Turquey, qui ont repris les milliers de pages jaunies de neuf dossiers criminels imputés au Grêlé entre 1986 et 1994, ont fini par trouver des indices les aiguillant sur la piste d’un gendarme ayant exercé à l’époque en région parisienne. Pour aborder certaines adolescentes, le Grêlé exhibait une carte barrée de tricolore comme celles des policiers et des gendarmes, une paire de menottes, un talkie-walkie et une arme. Ils ont longtemps cru qu’il s’agissait d’un faux flic. Mais un élément leur avait échappé, qui a fini par émerger : une jeune fille avait vu sur la carte de son agresseur la mention « sous-officier ». Or, ce n’est pas un grade de policier mais de militaire ! À une autre adolescente, l’inconnu s’est dit « moniteur de colonie à la gendarmerie ». En outre, sa parfaite maîtrise du jargon des forces de l’ordre et de l’autorité pour « contrôler » les adolescentes a étayé l’hypothèse d’un professionnel. De plus, la manière sophistiquée du Grêlé de ligoter parfois ses victimes, le cou serré par des liens reliés dans le dos aux chevilles attachées de Gilles P., tué en 1987, puis entortillés autour d’un tisonnier pour étrangler, évoquait une technique commando, celle du « garrot espagnol » – du nom de la technique d’exécution pratiquée sous l’Espagne franquiste. Sans compter qu’un lieu improbable et isolé à Saclay, dans l’Essonne, la ferme désaffectée de Villeras, où une fillette a été séquestrée et violée par le Grêlé en 1994, jouxtait une ancienne antenne militaire.

Le 5 mai 1986, le corps de Cécile Bloch, 11 ans, est découvert dans une cave. Le portrait-robot décrit un jeune homme à la peau constellée de boutons

Les enquêteurs ont donc dressé une liste de 750 anciens gendarmes affectés en Île-de-France dans les années 1980 pour les auditionner et les prélever systématiquement. Parmi eux, François Vérove, né en 1962, gendarme à la Garde républicaine à Paris de 1983 à 1988, n’était pas plus ciblé que d’autres. Si son geste fatal éteint les poursuites judiciaires à son encontre et anéantit tout espoir de connaître ses secrets, les enquêteurs vont s’employer à retracer avec minutie son parcours, ses emplois, ses adresses, ses véhicules, ses habitudes, afin de les superposer avec sa carrière criminelle. Les nouveaux, qui se transmettent depuis plusieurs générations leur savoir sur ce prédateur caméléon, se replongent dans les vieux dossiers.

Sous-sol du 116 rue Petit
L’escalier menant au sous-sol du 116 rue Petit, dans le XIXe arrondissement de Paris, où a été tuée Cécile Bloch — Photo Pierre Morel pour Les Jours.
Son apparition remonte au lundi 5 mai 1986 avec l’assassinat de Cécile Bloch, 11 ans, dans les caves d’une résidence au 116 rue Petit, dans le XIXe arrondissement de Paris (lire l’épisode 1, « Fillette, Bloch Cécile, 11 ans »). La scène de crime sexuel témoigne d’une grande sauvagerie, à même le sol sur un bout de moquette sale, et d’une mise à mort par étranglement avec des liens. L’intrus a préparé son forfait, bloquant l’un des monte-charge avec une allumette et la porte d’accès au troisième sous-sol avec un paquet de cigarettes. De plus, le pédocriminel a cherché sa proie pendant près d’une heure, jusqu’à tomber sur cette enfant seule. En effet, le frère de Cécile Bloch, ses parents et six voisins ont vu ce jeune homme multiplier les aller-retours en ascenseur et ont élaboré ensemble un portrait-robot qui reflète un visage avenant avec une peau constellée de boutons (lire l’épisode 2, « L’inconnu de l’ascenseur se dessine »). Ce procédé aléatoire sert d’aide à l’enquête en ces années 1980 où la police scientifique reste archaïque. Les traces de sang et de sperme ne peuvent livrer qu’un groupe sanguin pour le tueur de Cécile Bloch : A rhésus positif. Alors étudiant en biologie, le frère aîné de la victime, Luc Bloch, a beau expliquer au 36 la récente découverte britannique de l’empreinte génétique, pour les poulets de la crim’, « c’est de la science-fiction ».

Une caserne de gendarmerie se trouve près de l’endroit où Sarah, 8 ans, est violée le 7 avril 1986. Or, François Vérove sert alors à la Garde républicaine

Avec les moyens du bord, les limiers détectent un mode opératoire approchant dans l’agression, un mois plus tôt, le 7 avril 1986, de Sarah, 8 ans, capturée dans l’ascenseur puis violée dans une cave de son HLM place de Vénétie, dans le XIIIe arrondissement, et laissée pour morte (lire l’épisode 3, « Le Grêlé a encore frappé »). L’enfant le reconnaît sur le portrait-robot du Grêlé. Il s’agit a priori de sa première tentative d’homicide repérée et, souvent, un futur serial killer passe à l’acte dans une « zone de confort » où il habite ou bien travaille. Aujourd’hui, les enquêteurs remarquent qu’une caserne de la gendarmerie nationale et du cercle mixte de la Garde républicaine, où François Vérove sert alors à la cavalerie, se situe boulevard Kellermann, dans le même XIIIe arrondissement où Sarah a été violentée. Et que l’odeur « d’herbe ou de nature » dégagée par l’inconnu selon Luc Bloch peut correspondre à celle des chevaux dont s’occupait le gendarme Vérove. Mais ce même témoin ayant dépeint un suspect « un peu négligé et poussiéreux, comme un routard », aux baskets Adidas « usées », avachies, le groupe de Bernard Pasqualini s’oriente vers un clochard ou un marginal et en interpelle plusieurs autour des gares de l’Est et d’Austerlitz. Sans succès. Il n’est pas certain que l’enquête actuelle résolve la question qui taraude l’inspecteur Pasqualini depuis tout ce temps : « Pourquoi ce type-là a décidé d’aller s’en prendre à ces deux gamines, comme ça, un lundi matin vers 8 heures ? »

HLM place de Vénétie
Le sous-sol du HLM du 7 place de Vénétie, dans le XIIIe arrondissement de Paris, où a été violée Sarah — Photo Pierre Morel pour Les Jours.
Dix-huit mois plus tard, la crim’ retrouve sa trace, sa silhouette longiligne et sa tactique de l’ascenseur, mais avec un mode d’approche plus sophistiqué. Il s’est métamorphosé en pseudo policier le 27 octobre 1987 pour suivre Marianne, 14 ans, rue Boulitte à Paris XIVe. Il porte une saharienne kaki, un talkie-walkie, une arme dans un holster et utilise la ruse pour parvenir à entrer chez elle vérifier soi-disant son passeport afin de la violer. Dans le salon, il vole aussi la platine, le magnétoscope et quatorze disques. La victime dessine à son tour un portrait-robot du suspect plus sombre avec « les yeux marron cernés et enfoncés dans les orbites », les oreilles légèrement décollées, le menton en galoche et la peau « normale », elle n’a « pas vu de traces d’acné ». Puis le Grêlé, qui ne l’est plus tant que cela, disparaît des radars de la police parisienne. Les recherches dans les prisons et hôpitaux psychiatriques ne donnent rien. Pendant ce temps, François Vérove, qui a troqué en 1989 l’uniforme de pandore pour endosser la tenue de la police nationale comme motocycliste, a intégré la Sécurité publique du Val-d’Oise puis de Seine-et-Marne.

En 1996, l’ADN permet d’imputer les viols d’Ingrid, de Sarah et de Marianne, ainsi qu’un double meurtre dans le Marais en avril 1987, au Grêlé

C’est précisément dans ce département, sur une route de campagne à Mitry-Mory, que le Grêlé ressurgit soudain, au bout de sept ans, le 29 juin 1994, et attaque une enfant de 11 ans à bicyclette (lire l’épisode 5, « Le fantôme du Grêlé ressurgit »). Il exhibe une carte de police, « contrôle » Ingrid, la menotte et l’enlève à bord de sa Volvo 340. Il roule 60 kilomètres jusqu’à la ferme abandonnée de Villeras, à Saclay (Essonne), un endroit retiré qu’il faut vraiment connaître. Il prépare un lit pliant en fer avec « un drap blanc très propre ». Ingrid remarque surtout ses « grosses mains » rêches et son « odeur forte, d’herbe ou de chien ». Il porte un « blouson de cuir noir aux manches râpées », des « baskets blanches Nike et un jean noir ». Il attache Ingrid à un radiateur, lui montre une BD porno, la viole pendant deux heures, puis l’abandonne là. Secourue par un moniteur de moto-école, Ingrid fournit une description détaillée aux gendarmes de Saclay qui recueillent sur les lieux du crime le drap blanc, la BD, « deux feuilles de papier hygiénique de couleur rose avec sperme », et la culotte souillée. Comme la victime, une voisine dépeint la Volvo 340 blanche du violeur immatriculée « 91 » ou « 77 » avec un intérieur bleu, une peluche pendue au rétroviseur, un becquet sur le hayon arrière. L’exploration des listings de propriétaires de ce type de véhicule, de sans-abri ayant fréquenté la masure de Villeras et d’employés du domaine agricole voisin n’a pas permis de débusquer le violeur d’Ingrid. Pas plus que l’exploitation des listes de candidats au permis de conduire moto de plusieurs auto-écoles parisiennes, venus s’entraîner en 1993 et 1994 sur la piste de la ferme de Villeras. Désormais, la crim’ va chercher si François Vérove roulait alors en Volvo 340 et si son examen de motocycliste l’avait amené dans les parages.

Mitry-Mory
Au bout de sept ans, le Grêlé ressurgit soudain en Seine-et-Marne, sur une route de campagne à Mitry-Mory — Photo Pierre Morel pour Les Jours.
L’arrestation à l’automne 1994 d’un détraqué du coin ayant une voiture similaire à celle du ravisseur d’Ingrid permettra de soumettre la photo de cet individu à l’enfant, qui ne le reconnaît pas. En revanche, sur une planche de sept portraits-robots d’agresseurs sexuels, Ingrid identifie formellement le sien sur le croquis numéro 6. Or, celui-ci a été élaboré par Marianne, violée fin 1987 par le Grêlé ! Le docteur Olivier Pascal, du laboratoire de biologie de Nantes, pionnier de l’ADN en France, compare l’empreinte génétique de l’inculpé et celle extraite du sperme du violeur d’Ingrid. Et ce n’est pas la même ! Ce code génétique XY 16.17.16.17.7.9.3, n’appartient pas à l’homme de Seine-et-Marne. Par contre, sur un vieux bout de moquette qui recouvrait le cadavre de Cécile Bloch, et que le jeune inspecteur de la crim’ Christian L. a exhumé, le Dr Pascal identifie le même ADN, la signature génétique du Grêlé identique à celui du violeur d’Ingrid, de Sarah et de Marianne. Nous sommes en 1996. Avec dix ans de retard, l’ADN permet enfin d’imputer tous ces crimes au Grêlé et confirme son profil de violeur pédocriminel en série (lire l’épisode 6, « Et soudain, l’empreinte du Grêlé »).

Mais le 9 janvier 2001, les enquêteurs découvrent que le Grêlé est aussi « un sadique » capable de torturer un homme et une femme avant de les assassiner. Car l’ADN extrait d’un tampon hygiénique et d’un mégot de cigarette collectés sur la scène d’un double crime dans le Marais, à Paris, le 29 avril 1987, correspond également au génotype du Grêlé (lire l’épisode 4, « Les suppliciés du Marais »). À la grande surprise du chef de groupe Alain Vasquez : « Car nous avions des victimes adultes. Et le mode opératoire ne ressemblait en rien à celui de l’agresseur de petites filles. » Une baby-sitter allemande de 20 ans, Irmgard Müller, avait été retrouvée morte, ligotée et crucifiée sur un lit d’enfant, et son employeur de 38 ans, Gilles P., étranglé par un « garrot espagnol ». La façon d’attacher les victimes, la particularité de certains nœuds et la capacité à neutraliser deux personnes dont un homme dans la force de l’âge, rectifient le profil de ce tueur, rompu aux techniques commandos, militaires ou légionnaires.

Après juin 1994, la trace du Grêlé se volatise en Île-de-France. Les enquêteurs savent désormais que François Vérove a été muté dans le Sud

L’enquête initiale ayant déterminé qu’Irmgard Müller connaissait intimement le meurtrier, Vasquez se remet à explorer ses trente contacts masculins inscrits dans son carnet, dont 29 ont été identifiés et dédouanés, pour se concentrer sur le dernier de la liste, un certain Élie Lauringe, domicilié 13 rue Rubens à Paris XIIIe (lire l’épisode 8, « De qui “Élie Lauringe” est-il le nom ? »). Il s’agit d’un ancien immeuble devenu un squat qui, dans les années 1970, abritait un local de la préfecture de police de Paris où les recrues se faisaient tirer le portrait pour leur carte professionnelle. Naît alors l’hypothèse d’un Grêlé ayant travaillé dans ce service technique ou d’un fils de policier parisien. Ou bien d’un féru de photographie. Car le tueur du Marais avait dérobé deux beaux appareils argentiques sur les lieux du crime, un Hasselblad et un Nikon. À l’Insee, à la Sécu, même chez les mormons, aucun homme n’est recensé sous cette identité, au grand dam de Vasquez : « Élie Lauringe est un toc parfait, un faux nom qui n’existe pas. » Les enquêteurs s’apercevront qu’il ne rime à rien de creuser la piste de ce patronyme car le Grêlé a donné un nom imaginaire différent à une autre victime.

Les portraits-robots
Les gendarmes ont présenté à Ingrid une planche de sept portraits-robots. La fillette a reconnu son violeur sur le croquis numéro 6 — Photo DR.
En effet, l’assassin de Sophie N., violée et tuée au 22 rue Manin à Paris XIXe, le 3 décembre 1991, avait pris rendez-vous avec cette jeune agente immobilière pour visiter un appartement libre, sous le nom « Dubost » et le téléphone « 42 43 64 06 ». Or, l’entreprise de travaux dans l’immeuble s’appelait Dubost et le numéro correspondait au fax d’une autre boîte du BTP… Le Grêlé a pu s’en inspirer en passant rue Manin pour se forger une nouvelle identité. Les concordances sont nombreuses entre la scène de crime de Sophie N. et les précédentes signées par l’ADN du Grêlé, à commencer par Cécile Bloch, six ans plus tôt, dans le même coin du XIXe arrondissement.

Après le rapt d’Ingrid en Seine-et-Marne en juin 1994, le Grêlé se volatilise totalement. Jusqu’à la découverte, en 2021, du coupable, François Vérove. Vu ses états de service, les enquêteurs réalisent maintenant que ce motard de la police a été muté dans les Bouches-du-Rhône et par la suite dans l’Hérault, à Montpellier. Et ce n’est sûrement pas un hasard. Fin connaisseur des procédures de police judiciaire et des avancées de l’ADN, ce flic avisé a stoppé ses agressions, de son propre aveu, en 1997. La crim’ explorera donc des « cold cases » survenus durant ces trois années dans le Sud. François Vérove s’est « rangé », s’est marié, s’est occupé de ses deux enfants et de ses missions de motard du commissariat de Montpellier. Installé en 2013 à Prades-le-Lez avec sa famille dans une maison d’architecte, ce féru d’informatique et de réseaux sociaux a donné des coups de main à ses voisins, « toujours sympa et serviable », et a même proposé au maire de se présenter sur sa liste aux municipales en 2014. Cette année-là, le policier motocycliste chute lors d’un grave accident de la route qui lui laisse une jambe folle, et prend sa retraite anticipée de la police. Il monte en 2015 une autoentreprise située à Montpellier et spécialisée dans la location de logements, qu’il ferme cinq ans plus tard. Il intègre le conseil municipal de Prades-le-Lez du maire Jean-Marc Lussert, qui le dit « sympathique, plutôt de droite tendance gaulliste », et le charge de la communication des élus. Puis François Vérove déménage à La Grande-Motte, loue ses biens via Airbnb, sillonne les chemins côtiers sur son vélo électrique et tire parfois une carriole pour emmener ses petits-enfants à la plage. Mais ce grand-père bien sous tous rapports n’était autre que le Grêlé.

Il a pu avoir un accident ou un handicap qui l’empêche d’agir.

Me Corinne Herrmann, avocate d’Ingrid et de Luc Bloch, spécialiste des « cold cases »
Comme son ADN enregistré dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) ne tiltait jamais avec l’un des 3 millions de codes d’individus engrangés dans la base depuis l’an 2000, la plupart des anciens policiers hantés par le Grêlé le croyaient mort ou parti à l’étranger (lire l’épisode 12, « Regrets éternels »). Car à leurs yeux, un homme capable de telles pulsions sexuelles, au point de violer et tuer des enfants, « ne peut jamais vraiment arrêter ». Ce n’était pas mon sentiment, persuadée que l’inconnu avait pu fonder une famille et étouffer ses vieux démons sous un monceau de respectabilité sociale, ni celui de Me Corinne Herrmann, avocate d’Ingrid et du frère Bloch, qui soulignait « la longévité de nos tueurs en série français » : « Il a pu avoir un accident ou un handicap qui l’empêche d’agir. » Cette maîtresse ès « cold case » en a vu d’autres, serial killers, interrompre leur activité criminelle plus de dix ans, avant de rechuter. L’enquêteur de la première heure Bernard Pasqualini, qui redoutait d’emporter dans sa tombe la vision pour l’éternité « du portrait-robot du Grêlé et de la photo de la petite Cécile Bloch », connaît désormais le visage, le nom et le profil de cet assassin qui, pour échapper à la justice, vient de se dérober de ce monde avec ses secrets.

LE GRÊLÉ, AFFAIRE NON CLASSÉE
Au cœur du 36, les enquêteurs de la brigade criminelle cherchent encore et toujours le tueur en série à la peau abîmée qui a assassiné le 5 mai 1986 Cécile Bloch, 11 ans. Un « cold case » qui rebondit au gré des progrès de la police scientifique, de fausses pistes et de nouveaux portraits-robots.
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